Le souverain marocain prend parti pour l'égalité entre les sexes
18/08/2005
Le roi Mohammed VI a déclaré que les enfants nés de mères
marocaines auraient désormais la possibilité d'obtenir la
nationalité marocaine dont bénéficiaient déjà les enfants nés de
pères marocains. Sa décision a provoqué un soulagement attendu
depuis longtemps au Maroc et à l'étranger.
Par Karima Rhanem pour Magharebia à Casablanca
16/08/05
[Getty Images] Le roi Mohammed VI lors de son discours à
Rabat
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"J'ai décidé, en ma qualité de souverain et de Commandeur des
Croyants (Amir Al Muminin), qu'un enfant né d'une mère marocaine
aura le droit d'obtenir la nationalité marocaine", a déclaré le roi
Mohammed VI dans son discours à la nation le jour du Trône (30
juillet).
La promesse du souverain en faveur de l'égalité de citoyenneté
pour les enfants nés de mères marocaines et de pères marocains a
entraîné soulagement et joie, tant au Maroc qu'à l'étranger.
Il a expliqué que sa décision avait été prise dans le cadre de
son engagement permanent "à construire une nation unie engagée sur
la voie de la démocratie et du principe d'égalité entre les sexes
préservant les droits des enfants et protégeant l'unité et
l'harmonie de la famille et l'authenticité de son identité
nationale".
Bouchra Moufti Zada, une Marocaine née à Fez d'un père
palestinien, a accueilli cette nouvelle loi sur la citoyenneté avec
joie et satisfaction.
"Vous ne pouvez imaginer mon sentiment ... Cela faisait plus de
23 ans que j'attendais cela" a déclaré Bouchra à Magharebia.
Bouchra n'aura désormais plus à se rendre chaque année chez les
autorités locales pour y renouveler son permis de séjour, sans
lequel elle risquait l'expulsion.
Depuis 23 ans, elle essayait sans succès d'obtenir la nationalité
marocaine.
Les enfants nés de mères marocaines ont certes toujours été
autorisés à déposer une demande de naturalisation, mais nombre
d'entre eux étaient découragés par la complexité et la lenteur de la
procédure.
[Getty Images] De nombreuses familles sont soulagées par
la décision
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Autre exemple de la nature positive du changement de politique,
le cas de F. Khadija, une Marocaine qui avait fui l'Algérie à la
mort de son mari, pour y commencer une nouvelle vie. Toutefois,
quelques jours après son arrivée au Maroc, sa fille avait reçu un
ordre d'expulsion. Ne voulant pas être séparée de sa fille, Khadija
avait été forcée de quitter le pays.
Naîma Chaimouma, la fille d'un père non marocain, a exprimé sa
joie après avoir écouté le discours du roi Mohammed VI, affirmant :
"Je me sentais... Je me suis sentie renaître. Désormais, le 30
juillet sera la véritable date de mon anniversaire."
Elle attend maintenant la mise en application officielle de la
nouvelle loi sur la citoyenneté, afin de pouvoir déposer une demande
de naturalisation marocaine.
Sans papiers de nationalité, le seul document officiel prouvant
l'existence de Chaimouma est son certificat de naissance. Or, au
Maroc, des papiers sont nécessaires pour l'accès à des privilèges
tels que l'enseignement, les soins de santé et le mariage.
Naima et nombre d'autres personnes dans sa situation se déclarent
ravies du fait que le roi Mohammed VI ait demandé au gouvernement de
finaliser très rapidement cette nouvelle loi.
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